Depuis novembre, le deal pour l’emploi permet aux travailleurs de prester leur semaine en quatre jours sans réduction de salaire. Une enquête montre qu’en 3 mois ce système séduit timidement 0,5% des salariés belges, surtout des ouvriers, et leurs employeurs. Certaines entreprises avaient déjà commencé avant, d’autres sont en train de tester la formule.
Pouvoir prester un temps plein dans un régime horaire de 4 jours/semaine reste une mesure très discutée, mais aussi tentée. Une première analyse sur sa réalité vient de l’entreprise de services RH Acerta. Les premiers chiffres indiquent que en moyenne 5 travailleurs belges sur 1000 expérimentent déjà ce système. Et que celui-ci trouve à ce jour plus d’écho du côté des ouvriers (0,7%) soit 7 sur 1000 que du côté des employés (0,4%), 4 sur 1000.
Olivier Marcq, expert juridique chez Acerta Consult, explique : « La possibilité de prester une semaine de travail complète en quatre jours existait déjà avant le deal pour l’emploi, notamment dans le secteur de la construction. Nous avons constaté une légère augmentation depuis que le système est accessible aux travailleurs de tous les secteurs. Le fait que la semaine de travail de quatre jours ait une popularité limitée n’est pas illogique à ce stade. Une enquête récente auprès de PME a déjà montré que seulement 8% des entreprises considéraient le système comme viable dans leur organisation et que 10% d’entre elles envisageaient de le mettre en place. Instaurer la semaine de travail de quatre jours dans l’entreprise doit d’abord être prévue, soit par le règlement du travail, soit par une CCT sectorielle ou au niveau de l’entreprise. Cela représente une charge administrative. Mais, nous nous attendons à ce que ce régime gagne encore en popularité en 2023. »
Projet pilote pour tester
SD Worx, autre prestataire de services RH, a de son côté carrément décidé de tester en interne la semaine de travail de quatre jours à temps plein ou un régime de travail alterné. Le projet pilote consiste à ce que 80 employés (3,7% du personnel) de cette entreprise adoptent ces régimes de prestation. C’est le second qui a reçu le plus de faveurs des employés-testeurs.
Le Chief People Officer Bruce Fecheyr-Lippens clarifie l’approche prudente et par étapes de SD Worx : « L’expérience durera jusqu’au 30 juin 2023. Cette nouvelle étape s’inscrit parfaitement dans notre culture de travail flexible, et nécessite une certaine personnalisation. Grâce aux volontaires, nous voulons examiner en profondeur ce qui fonctionne pour chaque employé, nos clients et l’équipe. La plupart des 80 participants sont intéressés par le régime de deux semaines consécutives. Un sur trois a opté pour la semaine de quatre jours à plein temps. Avec chaque responsable, nous avons considéré le nombre de demandes par équipe et leur faisabilité. Par cette démarche, nous nous engageons davantage dans une culture de flexibilité, d’autonomie, de confiance et de leadership personnel. Le passage à un autre régime ne modifie pas seulement vos horaires de travail, mais aussi, notamment chez SD Worx, un impact sur l’accumulation de jours RTT, le nombre de chèques-repas par jour de travail et les éventuelles indemnités journalières et de poste. C’est aussi une question personnelle de savoir si une journée de travail structurellement plus longue de 9,25 heures contribuera à améliorer le niveau d’énergie, la satisfaction au travail et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. »