« L’annualisation du calcul du temps de travail signifie de facto l’abandon de la semaine des 38 heures. Il n’y aura donc plus d’heures supplémentaires, ni de sursalaire. Les gens seront obligés de travailler pendant des mois sans interruption pour pouvoir (devoir?) récupérer ultérieurement, estime la CSC. Cette flexibilité sera donc imposée par l’employeur et le travailleur devra en supporter tout le poids. Elle sera même non négociable, voire généralisée et instaurée automatiquement. Ce principe perturbera sérieusement toute la concertation sociale dans les secteurs et les entreprises. Comment l’annualisation du temps de travail et le paiement des heures supplémentaires amélioreront-ils les perspectives d’emplois de ceux qui cherchent un travail – et de ceux que le gouvernement contraint de reprendre le travail? Mystère… »
La FGTB rappelle de son côté que le temps de travail et l’organisation du travail sont au cœur de la concertation sociale et que les interlocuteurs sociaux connaissent le terrain et sont les mieux placés pour parvenir à des accords équilibrés. De plus, « notre pays est déjà le champion de la flexibilité. Il y a plusieurs possibilités de travailler plus longtemps, de compenser ce travail en plus maintenant en travaillant moins plus tard: de travailler plus longtemps sur base hebdomadaire ou journalière, de faire des heures supplémentaires, d’annualiser la durée du travail (respect de la semaine de 38 heures sur base annuelle),… Ceci toutefois moyennant à chaque fois une concertation sociale. Pour le moment, nous avons l’impression que l’équipe gouvernementale veut réduire la concertation sociale à un minimum, voire carrément la supprimer. »
Par ailleurs, la FGTB ne voit pas le lien entre les intentions du gouvernement de continuer à flexibiliser le temps de travail (assouplissement des heures supplémentaires, assouplissement du respect de la durée du travail, nouveau renforcement des conditions dans le cadre du crédit-temps,…) et le travail faisable. « Le travail ne devait-il pas être rendu plus faisable dans le cadre du recul de l’âge de la pension tel qu’il a été imposé par ce gouvernement? Tout semble indiquer que la table ronde sur le travail faisable du ministre Kris Peeters a été un show purement médiatique et que le gouvernement ne garde que l’agenda des employeurs. Manifestement, le mépris de ce gouvernement pour nos travailleurs n’a aucune limite! »
La CGSLB s’inquiète quant à elle du passage de la notion de travail ‘faisable’ vers celle de travail ‘agile’. « Annualiser le temps de travail revient à rendre le marché du travail extrêmement flexible en faveur des employeurs. Les travailleurs seront à la merci des processus de production: travailler plus longtemps pendant des périodes plus longues, puis être mis au repos, sans avoir la liberté de choisir en fonction de leurs propres besoins. » Or, « la durée du travail constitue un élément essentiel du droit du travail et fait l’objet d’une concertation sociale préalable. Le gouvernement supprimerait cette condition d’un trait de plume. Pour la CGSLB, l’idée d’une annualisation du temps de travail automatique est inconcevable, car cela produirait un déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée. » La CGSLB se demande d’ailleurs pourquoi la réforme du marché du travail doit être abordée lors de ce contrôle budgétaire. « Ce type de décisions, qui de plus sont budgétairement neutres, n’est-il pas du ressort des partenaires sociaux? Les négociations sur la flexibilité 2013-2014 avaient encore pu avoir lieu entre partenaires sociaux au niveau des secteurs et des entreprises… »