Du 6 mai au 11 juillet s’est tenu à Paris le médiatique procès d’ex-dirigeants de France Télécom. Il devait permettre de faire la lumière sur la vague de suicides qui a eu lieu dans l’entreprise entre 2006 et 2009. L’ancienne direction a été mise en cause pour avoir mené, durant l’exécution du plan de restructuration NEXT, une politique visant à déstabiliser les travailleurs et à les faire partir, via des mesures d’isolements, mises au placard, missions aux objectifs impossibles à tenir ou mutations géographiques forcées. Sept anciens dirigeants — dont l’ex-PDG, l’ex-DRH groupe et trois autres directeurs RH —, sont accusés de harcèlement moral à l’origine des drames intervenus. Le jugement doit être rendu en décembre. En parallèle, les forces de l’ordre françaises ont récemment enregistré le 47e suicide d’un(e) de leurs policiers, profession déjà fort touchée par le phénomène, mais encore fragilisée par le mouvement des « gilets jaunes ».
Si notre pays ne connaît pas — et fort heureusement — de telles « vagues de suicides » en entreprise, faites l’exercice: sondez un panel de DRH ayant 15 à 20 ans d’expérience dans le métier et vous vous rendrez rapidement compte que, tous ou presque, ont connu au moins un cas, parfois plusieurs, de passage à l’acte d’un collaborateur. Pas toujours sur le lieu de travail, pas forcément en lien avec le travail. Mais pour autant, comme le pointe Fabrice Enderlin (qui a piloté les RH de GSK Biologicals, puis d’UCB) dans notre dossier, le suicide au travail existe: ne taisons pas cette réalité.
Plusieurs interlocuteurs le soulignent, dont Bruno Mettling, ancien DRH du groupe Orange qui, de 2010 à 2015, a été appelé à gérer la « crise des suicides »: l’entreprise doit sortir du déni et avoir le courage de l’action. Le courage de faire face quand un drame survient et d’en tirer les enseignements, mais aussi et surtout le courage de la prévention. Car, nous disent Fabienne Scandella de l’ETUI et le conseiller en prévention Vincent Jaminon, notre pays dispose d’un arsenal réglementaire complet en matière de prévention des risques psychosociaux. Le problème réside plutôt dans le déficit d’intérêt stratégique et la rigueur dans le chef des employeurs pour le mettre en œuvre. Il serait terrible de devoir vivre le cas d’un suicide d’un travailleur pour en prendre pleinement conscience…
Le dossier consacré à la prévention et à la gestion de cas de suicide en entreprise est à lire dans HR Square n°30 des mois de septembre/octobre 2019. Si vous n’êtes pas encore membre du réseau HR Square, demandez un numéro d’essai gratuit à Nathalie Dierickx ou prenez contact par téléphone au 0474/97.07.43. Pour devenir membre et ne manquer aucune de nos éditions, contactez également Nathalie. L’adhésion à HR Square vous permet de bénéficier de l’accès à la totalité du contenu en ligne et à bien d’autres avantages.