Deux mois après l’instauration obligatoire du droit à la déconnexion, près de six travailleurs sur dix sont déjà au courant des directives instaurées par leur employeur au sujet de leur accessibilité en dehors des heures de travail. En outre, un sur deux déclare se sentir (très) bien mentalement pour le moment sur le lieu de travail.
Afin d’être en règle avec le Deal pour l’emploi, les entreprises doivent, depuis le 1er avril, avoir conclu avec leurs personnels des accords sur le droit à la déconnexion après les heures de travail. Plus de la moitié des travailleurs (57,4 %) se disent déjà au courant des directives spécifiques dans leur entreprise, indique la dernière étude d’Acerta Consult et Stepstone, qui a interrogé plus de 2500 travailleurs belges (89,5% d’employés et 10,5% d’ouvriers).
A l’inverse, 42,6 % des travailleurs ne savent pas encore quels sont les accords en vigueur au sein de leur entreprise concernant l’utilisation des e-mails, du téléphone et des moyens de communication numériques en dehors des heures de travail. Cependant, les employeurs évaluent plus positivement le bien-être mental de leurs travailleurs : huit sur dix pensent que ceux-ci se sentent bien, voire très bien, dans leur peau. « C’est une opportunité pour les employeurs de combler cette lacune en commençant par dresser un état des lieux du bien-être mental, puis en élaborant un plan d’action concret », déclarent les experts d’Acerta.
Laura Couchard, experte juridique de Acerta Consult : « Il est important d’avoir des accords formels sur la déconnexion au sein d’une entreprise mais aussi que les travailleurs en aient connaissance et puissent les appliquer. Sur ce plan, les dirigeants ont un rôle important à jouer. Ils sont chargés de transposer les accords conclus au niveau de l’entreprise pour les personnes travaillant sur le terrain et dans le cadre du télétravail. Ils peuvent faire cette transposition en donnant des conseils concrets à leurs collaborateurs pour se déconnecter et en veillant au respect des directives : par exemple, désactivez les notifications de votre GSM et de votre ordinateur après les heures de travail, gardez séparées vie professionnelle et vie privée en travaillant dans une pièce distincte lors du télétravail, n’utilisez pas WhatsApp pour des questions d’ordre professionnel après les heures de travail, etc. »
La moitié (50,3 %) des travailleurs belges déclarent se sentir déjà bien, voire très bien, mentalement auprès de leur employeur actuel, alors que pour plus d’un travailleur sur cinq (22,1 %), ce n’est (absolument) pas le cas. Ce sont surtout les quadragénaires et les quinquagénaires qui subissent actuellement le plus grand stress mental sur le lieu de travail.
Laura Couchard analyse : « Les employeurs perçoivent la santé mentale de leurs travailleurs autrement que les travailleurs eux-mêmes. Dans notre précédente enquête, huit entreprises sur dix estimaient que leurs travailleurs se sentaient bien, voire très bien, au travail. Les résultats démontrent qu’il est important de connaître les bons chiffres. Le bien-être mental est une priorité chez les employeurs, mais y travailler ne l’est pas encore. Mesurer l’état mental de son personnel est un premier pas important dans cette direction. En tant qu’employeur, vous avez besoin d’informations aussi concrètes et exhaustives que possible, pour déterminer les bonnes actions et mesurer ensuite le succès de ces actions. »
De nombreuses entreprises avec horaires de travail flottants
Interrogés sur les raisons pour lesquelles les travailleurs ne se sentent toujours pas bien mentalement sur le lieu de travail, 38 % d’entre eux évoquent le stress causé par le travail proprement dit. 35 % déclarent par ailleurs que leur équilibre vie professionnelle-vie privée n’est pas satisfaisant. 23 % font au contraire référence à leur situation personnelle, et 18,3 % à la réalité économique au sens large (prix de l’énergie, inflation, incertitude économique). Un grand nombre d’entreprises prennent déjà des mesures spécifiques pour améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ainsi que le bien-être mental de leurs travailleurs. Sept entreprises sur dix misent sur des horaires de travail flottants. 46 % autorisent également le travail à temps partiel et 42 % considèrent que davantage de télétravail est un moyen donné à leurs travailleurs de maintenir l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Plus de vacances et plus de télétravail
Si l’on demande aux travailleurs eux-mêmes ce qui les aiderait à se sentir mieux mentalement, les mesures les plus évidentes s’avèrent surtout être plus de vacances et plus de télétravail (36,5 %). Les travailleurs voient également leur épanouissement dans l’aménagement d’horaires flottants (32,5 %), le travail à temps partiel (13,7 %) et une application assouplie du droit au congé parental/crédit-temps (10,4 %). 1 personne sur 5 (21,5 %) ne juge pas nécessaire que l’employeur améliore encore l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.