C’est ce qui ressort de la nouvelle enquête de l’ERMG auprès des entreprises belges réalisée par plusieurs fédérations d’entreprises et d’indépendants (BECI, SNI, UCM, UNIZO, UWE et VOKA). L’initiative est coordonnée par la BNB et la FEB. Cette enquête fait suite à une série de dix vagues d’enquêtes réalisées entre mars et juin, dont l’objectif était d’évaluer l’incidence de la crise du coronavirus et des mesures de confinement sur l’activité économique et sur la santé financière des entreprises. Au total, 4.430 entreprises et indépendants y ont répondu. L’évolution des indicateurs cités doit être interprétée avec prudence, compte tenu de la longue période qui s’est écoulée entre cette enquête et la précédente. Un « biais de survie » peut donc apparaitre, en particulier au sein de certains secteurs. Il est possible que des entreprises en difficulté aient déposé le bilan entre-temps et ne soient donc plus prises en compte dans cette enquête. En outre, les répondants diffèrent de ceux de l’enquête précédente (par exemple en raison de la participation de l’UCM). Il semble toutefois que la composition de l’échantillon de cette semaine se rapproche davantage de la composition sectorielle et régionale de l’économie belge que lors des enquêtes précédentes.
Une différence notable entre les différentes branches d’activité se marque. Le secteur des arts, spectacles et services récréatifs reste, de loin, la branche d’activité la plus touchée puisque les entreprises de ce secteur rapportent, cette semaine encore, un effondrement du chiffre d’affaires de 81% par rapport à la normale. Ce chiffre correspond à ceux enregistrés dans les enquêtes au deuxième trimestre. Les raisons de cette diminution qui sont le plus souvent citées sont l’interdiction formelle de certaines activités et la faible demande (pour respectivement 71 et 50% des entreprises sondées). Le second secteur le plus touché reste celui de l’horeca avec une baisse du chiffre d’affaires de 42% par rapport à la normale, contre une baisse d’encore 50% à la fin de juin. En juin, la réouverture des bars et des restaurants avait exercé un impact positif et significatif sur le chiffre d’affaires, mais l’amélioration s’est montrée faible depuis lors. Les raisons principalement évoquées par les entreprises de l’horeca pour expliquer cette diminution sont la faible demande et l’application des règles sanitaires ou de distanciation sociale (dans les deux cas pour 46% des répondants). Les entreprises du secteur de l’industrie interrogées font état d’un repli de 16% par rapport à la normale. Le faible niveau de la demande apparait de loin comme la raison la plus importante et est cité par plus de six entreprises interrogées sur dix. Cela peut indiquer que la reprise du commerce international et donc de la demande extérieure restent faibles pour le moment.
Au niveau des perspectives pour l’année prochaine, seule une faible amélioration du chiffre d’affaires est anticipée par les entreprises interrogées. En effet, ces dernières s’attendant à une baisse de 10% par rapport à la normale en 2021. Une reprise poussive de l’activité semble être le scénario retenu par la vaste majorité des secteurs d’activité. Pour le secteur des arts, spectacles et services récréatifs et l’horeca – les deux secteurs les plus touchés actuellement – la baisse anticipée du chiffre d’affaires par rapport à la normale atteint encore respectivement 44 et 37% pour 2021. Le secteur de la construction et les services de support dépassent eux aussi la moyenne nationale avec des baisses anticipées du chiffre d’affaires de respectivement 13 et 11%.
De nouveaux modes de travail qui deviennent permanents
Le marché du travail reste encore profondément impacté par la crise du coronavirus, tant au niveau du nombre d’emplois que du chômage (temporaire) et du mode de travail. Au niveau de l’emploi, les entreprises participant à l’enquête s’attendent à une diminution de 2% de celui-ci entre le début de la crise et la fin de l’année, soit un peu plus de 50.000 travailleurs. Au deuxième trimestre, un nombre plus élevé avait été avancé mais il convient de garder à l’esprit que le biais de survie rend la comparaison difficile entre les deux dates (les entreprises ayant déposé le bilan depuis juin ont déjà engendré une baisse de l’emploi) et que, en l’espace de deux mois, le contexte a évolué (notamment au niveau des mesures de chômage temporaire qui ont été prolongée, ce qui peut reporter les licenciements à l’année prochaine). L’emploi étudiant a aussi diminué cet été: les entreprises interrogées indiquent une baisse de l’emploi étudiant de 30% par rapport à une situation normale ; seuls les secteurs de l’agriculture et de la vente au détail alimentaire font état d’un niveau « normal ».
Le chômage temporaire, même s’il a sensiblement diminué, est encore d’application dans de nombreuses entreprises. Selon les résultats de l’enquête, sur la semaine écoulée, 6% des travailleurs dans le privé étaient encore au chômage temporaire, contre 11% à la fin de juin. Le chômage temporaire reste principalement concentré au niveau de l’horeca (21% de l’emploi) et du secteur des arts, spectacles et services récréatifs (57% de l’emploi).
Finalement, à la suite de la crise du coronavirus, le mode de travail a été adapté dans de nombreuses entreprises, et pour près de deux entreprises interrogées sur trois, cette adaptation devrait être permanente. En particulier, même à l’avenir, une flexibilité accrue devrait être proposée aux employés au niveau de l’organisation du travail, soit par le biais d’un recours plus intensif au télétravail (pour 36% des entreprises interrogées), soit par le biais d’horaires plus flexibles (pour 19% des entreprises interrogées). Selon l’enquête, une entreprise sur quatre s’attend à réduire le nombre de voyages d’affaires. Il est évident que ces adaptations du mode de travail dépendent de la branche d’activité de l’entreprise. L’intensification du télétravail, par exemple, concerne principalement le secteur de l’information et de la communication, le secteur financier et les services de support. A contrario la réduction des voyages d’affaires est davantage citée dans l’industrie.