Une enquête sur le droit à la déconnexion menée auprès des salariés flamands atteste que trois quarts d’entre eux apprécient cette disposition devenue obligatoire depuis le 1er avril en entreprise de plus de 20 personnes. Cependant, une majorité des sondé.e.s doutent de sa mise en application dans les faits.
Être injoignable en dehors de ses heures de travail est désormais un droit particulièrement apprécié par ceux et celles désireux de ménager clairement une frontière entre les moments de vie privée et les plages de travail. Frontière rendue plus floue par les nouvelles manières de travailler. Plus de clarté, moins de stress… Déconnecter totalement en soirée, les weekends et même dans certaines zones horaires est donc aujourd’hui permis. Mais est-ce possible dans les faits ? Pour prendre la température, la société Protime, spécialiste de la gestion du temps et du personnel, a fait réaliser une enquête auprès de 1000 employé.e.s flamand.e.s. Les résultats ramènent des indicateurs de satisfaction mais aussi de doute. D’une part, 74% des sondé.e.s y voient une bonne initiative et se disent satisfait.e.s. D’autre part, deux employé.e.s sur trois (65%) jugent que ce « droit à la déconnexion » ne sera pas toujours réalisable en pratique. Un avis sur lequel s’accorde 75% de cadres d’entreprise.
Indice de ce sentiment majoritaire, 31% des personnes interrogées admettent répondre rapidement, même en dehors des heures, à un courriel envoyé par leur manager ou patron. La proportion monte à 52% s’il s’agit d’un sms et 69% dans le cas d’un appel téléphonique. La moitié des employé.e.s notent cependant qu’en général cela n’avait aucun caractère d’urgence.
Maîtriser son temps
Les plus chauds partisans du droit à la déconnexion sont à trouver parmi les jeunes. La mesure est considérée comme une bonne idée par 80% des répondants issus de la génération Z. Le pourcentage est de 77% chez les milléniaux et à 69% chez les plus de 50 ans.
Cependant, sur base du panel questionné, des accords concernant la disponibilité en dehors des heures de travail n’ont été conclus que dans les entreprises de 33% des répondants.
« Une bonne concertation et de bons accords sont pourtant essentiels pour clarifier les attentes des uns et des autres », explique Lode Godderis, professeur de médecine du travail à la KU Leuven. « A côté de bons accords quant à l’accessibilité, le droit à la déconnexion aide à créer un cadre. Cela ressort aussi de l’enquête : il stimule la prise de conscience et le besoin de concertation. »
Si plus d’un quart des répondants (28%) redoutent que ce « droit à la déconnexion » n’interfère sur leur autonomie en matière de gestion du temps de travail, ils sont près d’un tiers (30%) à considérer que cette mesure aura un effet positif sur le bien-être des employés. Plus de la moitié d’entre eux (57%) connaissent généralement une charge de travail élevée et ils sont 4 sur 10 à avoir des difficultés à se reposer après le travail.