La prévision ressort de la Salary Surge Study publiée par Korn Ferry Hay Group, qui a étudié les conséquences de l’inadéquation des compétences sur le niveau des salaires. En 2020, à toutes choses égales par ailleurs, il devrait y avoir une pénurie de 7% de profils techniques dans le monde entier. Si la politique reste inchangée, cet écart continuera à augmenter et atteindra 11% d’ici 2025. Ce qui pourrait conduire à une « prime de marché » moyenne de 9.700 euros par an pour ces profils techniques. La Belgique reste un peu en-dessous de ce chiffre avec 8.500 euros par an.
Des chiffres publiés par Eurostat cette semaine indiquent que le taux de vacance d’emploi au premier trimestre 2018 s’élevait à 3,5% en Belgique. C’est le taux le plus élevé de la zone euro. Autrement dit, cela signifie que les emplois restent très difficiles à pourvoir en Belgique. L’enquête annuelle sur les salaires qui vient d’être publiée montre que les entreprises en Belgique continuent de maîtriser leurs coûts salariaux. Toutefois, cette observation sur le plan macroéconomique cache une tendance plus prononcée dans certains domaines d’expertise spécifique. On observe ainsi une pression salariale accrue pour les profils STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics).
L’augmentation de salaire attendue sera nettement plus prononcée pour les profils techniques les plus recherchés. L’étude internationale montre que pour la plupart des pays d’Europe occidentale, il existe une prime de marché comprise entre 15 et 25%. L’instrument d’une prime de marché fait référence à une augmentation salariale supplémentaire au-delà des augmentations salariales moyennes, telles que l’indexation automatique et les augmentations statutaires prévues dans les barèmes. Une prime de marché sert souvent à faciliter le recrutement et/ou la rétention de profils en pénurie. Une comparaison avec nos pays voisins montre que cette prime est la plus élevée en Allemagne (13.900 euros, pour 7.400 euros en moyenne européenne).
Il n’y a pas que l’augmentation salariale qui compte
Bien que la pression sur les salaires semble inévitable, les entreprises adoptent également d’autres mesures. 50% des entreprises belges indiquent, par exemple, que la réponse qu’elles apportent à la rareté des profils techniques réside dans une formation complémentaire plutôt que dans une simple augmentation des salaires. Mais ne soyons pas trop naïfs, observent les auteurs de l’étude: un package salarial adapté (comprenez: plus élevé) fera certainement aussi partie de l’approche des entreprises.
Les experts ne peuvent pas s’empêcher non plus de dénoncer le fatalisme belge quant à la présence toujours étonnamment faible des plus de 55 ans sur le marché du travail. « Bien sûr, le ou la caissier(e) licencié(e) ne pourra pas remplir un poste dévolu à un informaticien. Mais est-il vraiment impensable que cet(te) ancien(ne) caissier(e) puisse assumer une fonction de service client dans une entreprise de logistique ? Et est-il impossible d’imaginer que l’un des employés actuels de ce service client devienne à un moment donné un super-utilisateur de l’application informatique sur laquelle travaille l’entreprise? Dans ce rôle de super-utilisateur, il peut alors devenir un véritable partenaire de discussion pour ce fameux informaticien très recherché, afin que celui-ci puisse travailler plus efficacement. Il suffit de penser à des entreprises comme Cegeka ou Getronics, par exemple. Ces entreprises ont décidé de prendre les choses en main et d’organiser des formations à grande échelle pour des employés potentiels, même lorsque ceux-ci ont un parcours professionnel et des connaissances différents à la base. »