Indexation sensible des salaires, augmentation du nombre d’avantages extralégaux, composition accrue de budget « mobilité » inventif et flexible… Rien n’y fait, les salarié.e.s belges restent sur leur faim côté package salarial.
Un nouveau Baromètre des salaires, fruit d’une étude Jobat-Ipsos auprès de 95.974 travailleurs belges, fait le point sur ce que représente aujourd’hui le package salarial dans notre pays et la manière dont il est ressenti par ses bénéficiaires. A savoir, de manière plus que mitigée. Pourtant, les rémunérations, aidées par l’indexation, sont aujourd’hui plus élevées et la variété du package, fruit des nouvelles habitudes de travail, n’a jamais été aussi grande.
L’étude constate par ailleurs une expansion continue des extras octroyés en plus du salaire. Depuis 2020, le nombre d’avantages extralégaux n’a cessé d’augmenter, pour atteindre aujourd’hui une moyenne de 6,55 avantages par salarié. Les chèques-repas, la prime de fin d’année, l’assurance hospitalisation et le 13ème mois sont les plus fréquemment proposés. À titre de comparaison : en 2018, les travailleurs Belges bénéficiaient en moyenne de 5,87 avantages extralégaux.
L’effet flexibilité
D’autre part, le nombre d’avantages extralégaux lié à l’absence d’un lieu de travail fixe continue également de croître. Par exemple, la possibilité de travailler à domicile a augmenté de 78% en cinq ans. Caractéristique, l’enquête indique que plus le niveau d’études est bas, plus la possibilité de travailler à domicile augmente.
En lien avec l’intensification du télétravail, il apparaît que l’intervention de l’employeur pour un abonnement Internet a augmenté de +25% en cinq ans. Ces avantages extralégaux semblent être devenus une nouvelle norme après la crise du coronavirus.
Qui dit flexibilité et mobilité, dit aussi ordinateur portable. Son octroi a progressé de +30% en cinq ans. Contrairement aux frais de déplacement domicile-lieu de travail, en baisse de -12% en cinq ans. Enfin, les défraiements forfaitaires continuent aussi de croître (près de 19% en cinq ans).
Cependant, le bon vieil octroi de voitures de société persiste à se développer (+ 13% en cinq ans). C’est dans les petites entreprises (jusqu’à 9 travailleurs) que leur nombre a connu une progression encore plus forte (+18% en cinq ans). Seule exception à cette hausse, les fonctionnaires qui, eux, ont vu diminué de 23% la mise à disposition d’une voiture de société.
Le curseur « salaire »
Le Baromètre pointe le salaire médian du travailleur belge à 3.486 euros. Soit en augmentation de plus de 16% en cinq ans. Pour rappel, médian signifie que la moitié des personnes interrogées gagne moins et l’autre moitié gagne plus que le montant en question.
Le salaire mensuel moyen d’un travailleur belge s’élève lui à 3.881 euros brut, en hausse de seulement 9,5% en cinq ans. Il apparaît que les écarts salariaux traditionnels entre les régions se réduisent légèrement. En termes de salaires moyens, une région comme le Limbourg (+17%) a plus vite progressé que Bruxelles (+14 %) depuis cinq ans. Le salaire moyen est de 3.400 euros en Flandre. Mais, c’est à Bruxelles que le salaire moyen est le plus élevé (4.000 euros).
Point positif, l’écart salarial moyen entre hommes et femmes se réduit et les salaires des travailleuses ont augmenté plus fortement que ceux des travailleurs. Alors qu’une femme gagne en moyenne 3.477 euros (+16,9% en cinq ans), un homme gagne quant à lui 4.096 euros (+16,4%).
De l’importance du diplôme
Le diplôme fait souvent la différence. Non seulement pour trouver rapidement un emploi après ses études, mais aussi au niveau de la rémunération proprement dite. Un master académique permet de gagner en moyenne 4.624 euros brut, contre 3.661 euros pour un baccalauréat professionnel et 3.215 euros brut pour une personne sans diplôme de l’enseignement supérieur. En moyenne, une personne titulaire d’un master académique peut compter sur 7,65 avantages extralégaux contre 6,6 pour un baccalauréat professionnel et 5,15 pour une personne sans diplôme de l’enseignement supérieur.
Secteurs et fonctions
Les secteurs les plus rémunérateurs cette année sont encore la chimie & la pharmacie, l’énergie & l’environnement ainsi que la banque & les assurances. À l’inverse les secteurs de l’Horeca, des médias, du marketing & de la communication ainsi que du tourisme, des sports et des loisirs sont les moins rémunérateurs.
Les métiers dont la rémunération moyenne a le plus augmenté sont les fonctions juridiques (+ 27,2% en cinq ans) et les professions médicales et paramédicales (+ 26,2% en cinq ans).
Satisfaction en baisse
Malgré tout, les salaires et avantages extralégaux dont profitent les Belges ne leur donnent pas le sourire. Seulement 32% des personnes interrogées attribuent une note de 8, 9 ou 10 quant à la satisfaction qu’elles éprouvent à l’égard de leurs conditions salariales. Ce chiffre est inférieur à celui de 2021 et 4% plus bas que celui de 2020.
Au sein des secteurs et des catégories professionnelles, l’étude observe toutefois des évolutions intéressantes. Les professions libérales enregistrent par exemple la plus forte baisse de satisfaction en matière de rémunération (-5%). L’absence d’augmentation de salaire, combinée à la hausse des prix de la consommation et de l’énergie, n’y est sans doute pas étrangère.
Les secteurs qui bénéficient plus souvent d’une indexation automatique voient leur satisfaction augmenter (comme le secteur de la santé et associatif).
Dans le secteur de l’agriculture et de l’horticulture, la satisfaction salariale diminue sensiblement (-8%). La pression des coûts dans ce secteur en 2022 a certainement joué un rôle à cet égard.