Le Baromètre été conduit par Kantar TNS dans 8 pays européens auprès de 2.850 managers, dont 305 en Belgique, représentatifs du secteur privé. Elle s’inscrit dans la continuité d’une étude qualitative présentée en 2016 sur l’engagement des salariés européens du secteur privé. Les managers européens se disent plus heureux au travail (86%) que l’ensemble de la population active (74%). Ce niveau d’épanouissement est pratiquement identique dans tous les pays, alors que de fortes variations entre pays étaient observées chez les salariés. Quand les managers sont absents, ils le sont principalement pour des raisons personnelles telles que leur santé ou celle de leurs proches. « C’est révélateur des facteurs de « protection » contre le désengagement liés à leur fonction (autonomie, soutien, reconnaissance…) et de leur plus grande implication dans l’entreprise », indiquent les auteurs.
Les managers expriment très largement leur fierté d’appartenance à leur entreprise. Ils sont 90% au niveau européen à la recommander à un proche, soit plus que la moyenne des salariés européens se considérant « heureux et engagés » (79%). Ce chiffre atteint même 94% en Espagne et 93% au Portugal. Leur épanouissement et leur niveau de mobilisation sont fortement corrélés à la santé économique et à la capacité d’innovation de leur entreprise. En cas de mauvaise santé de l’entreprise, les managers sont en effet moins heureux, et surtout nettement moins mobilisés (64% contre 79%). Cette corrélation n’est pas la même au Royaume-Uni, où la relation au travail est plus distante, ni au Portugal où l’engagement des managers apparaît élevé quel que soit le contexte économique de l’entreprise.
Différences entre francophones et néerlandophones
Le manager belge est, globalement, moins présent que ses homologues européens (61% disent être toujours présents dans leur entreprise contre 66% des managers européens). Contrairement à ce que l’on observe dans la population active, ses absences sont très majoritairement liées à des difficultés personnelles (82%) et sont sans relation avec le travail. Comparé à ses homologues européens (86%) il apparait, avec le Néerlandais, comme le plus heureux au travail (90%). En Belgique, la mobilisation des managers francophones pour l’avenir de l’entreprise est supérieure à la moyenne (76% versus 71% pour l’Europe). Celle des managers néerlandophones (61%) est en revanche très inférieure à la moyenne européenne.
Qu’il soit francophone ou néerlandophone, il recommanderait volontiers son entreprise à un proche (91% contre 90% en Europe) et semble, lorsqu’il est épanoui, bien plus mobilisé et mobilisable pour son entreprise. Il est en revanche assez insensible aux fluctuations économiques de cette entreprise, qu’elles soient positives ou négatives et sa mobilisation est une des plus faibles en Europe en cas de difficulté (48% contre une moyenne de 64% au niveau européen.
Les managers belges sont les plus nombreux à affirmer que les entreprises européennes voient leur capacité à innover baisser (13% contre 11% en moyenne en Europe), mais avec des nuances: les francophones, plus optimistes, considèrent que cette capacité à innover augmente (31%), contre seulement 24% des néerlandophones – versus une moyenne européenne de 35%. L’enquête fait aussi ressortir des différences notables entre les pratiques managériales des francophones, plus ancrés dans le système et qui impliquent plus leurs équipes et celles des néerlandophones, plus instinctifs dans leur mode de management. Ainsi, plus de 82% des francophones disent animer des moments partagés et 85% impliquer leurs collaborateurs dans la vie quotidienne de leur entreprise, contre respectivement 62% et 77% chez les néerlandophones.
« Globalement, le manager belge apparaît donc comme, plus détaché et moins anxieux face à l’avenir de son entreprise que la moyenne des Européens, concluent les auteurs. En tant que cadre et en particulier cadre francophone, il est plutôt moins affecté par le chômage que certains de ses voisins européens. Mais les différences entre francophones et néerlandophones restent importantes, à la fois en termes d’implication et de pratiques managériales. Le manager francophone, apparaît plus engagé et plus proche de ses équipes. Le néerlandophone, présent dans la nouvelle économie et les services, semble quant à lui moins investi dans la gestion quotidienne des équipes qu’il anime de manière plus ‘pragmatique’. »