En collaboration avec la CASS Business School de Londres et l’IESE Business School de Barcelone, SD Worx a mené début mai une enquête auprès de plus de 2.500 employés en Belgique, en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Espagne et au Royaume-Uni afin d’examiner comment était digérée la nouvelle forme de travail, un mois et demi après le confinement. L’enquête portait sur l’absence d’interactions en face à face avec les collègues en examinant les formes de deuil que les employés vivent, maintenant qu’ils doivent généralement travailler à domicile.
Le deuil est un processus qui se met en marche lorsqu’une personne perd quelqu’un ou quelque chose, en l’occurrence le contact avec les collègues sur le lieu de travail. Chaque individu réagit différemment à une telle perte, mais les émotions qui y sont liées peuvent être réparties en cinq phases: le déni, la colère, la tristesse, la reconnaissance et l’acceptation. Le déni, la colère et la tristesse sont les formes considérées comme « deuil pessimiste », tandis que la reconnaissance et l’acceptation sont des émotions de « deuil optimiste ». Généralement, les gens sont confrontés à plusieurs de ces émotions en même temps.
L’acceptation (85%) et la reconnaissance (79%) sont les phases que les employés belges ressentent le plus souvent. La plupart d’entre eux parviennent donc à bien gérer le manque de contacts en face à face et à regarder de l’avant. Pourtant, un travailleur belge sur trois est également confronté à des sentiments de tristesse. 29% se disent même un peu réticents à travailler sans contact direct avec des collègues: cela suscite de la colère chez eux. Un peu plus de 4 employés sur 10 ont des sentiments de déni.
« Les gens recherchent la continuité, commente le professeur Annelore Huyghe de la CASS Business School. Le confinement perturbe cela. Le télétravail à temps plein permet une continuité des rôles, mais rompt avec la continuité des relations. Cette enquête démontre que nous sommes des êtres sociaux qui ont besoin d’un contact en face à face. Des rencontres spontanées dans le couloir ou une discussion autour de la machine à café sont un rituel social important pour beaucoup. » Jeroen Neckebrouck, professeur à l’IESE Business School, ajoute: « Ils contribuent à l’esprit de groupe – le sentiment d’être liés aux autres – et ont ainsi une influence positive sur le bien-être des travailleurs. C’est précisément pour cette raison que le bureau continue certainement à avoir une place dans l’avenir du travail. »
L’âge et la routine jouent un rôle
L’âge engendre d’importantes différences, surtout en ce qui concerne le deuil pessimiste. Dans les six pays européens de l’enquête, les jeunes ressentent davantage de sentiments de deuil pessimiste que les plus de quarante ans. Parmi les employés de moins de 30 ans, 38% sont confrontés au déni, à la colère et/ou à la tristesse. Entre 30 et 40 ans, on se situe encore à 36%, mais au-delà de 40, cela descend à 29% et chez les plus de 65 ans, cela ne vaut que pour 25% des personnes interrogées.
Comment y faire face au mieux? La mise en place d’une routine journalière structurée dans le cadre du travail à domicile semble avoir un effet positif. Chez les travailleurs qui ont suivi une routine bien définie pendant le télétravail, 81% ressentent des sentiments de deuil optimiste et seulement 23% de deuil pessimiste. Par contre, les employés sans routine définie ressentent plus souvent un deuil pessimiste (38%) et des sentiments de deuil moins optimiste (74%).