Unia n’a jamais été aussi sollicité que l’an dernier. En 2018, le tiers (28%) des dossiers de discrimination provenaient de locataires et de clients victimes de discrimination. Par exemple, les personnes qui ne sont pas en mesure de louer un appartement en raison de leur origine. Ou alors des personnes qui ne bénéficient pas d’une assurance solde restant dû en raison de leur âge.
L’an passé, Unia a ouvert 510 nouveaux dossiers dans le domaine de l’emploi (soit 23,3% des dossiers). Cela constitue une diminution de 10,8% par rapport à 2017. Par rapport à la moyenne sur 5 ans, l’augmentation est cependant de 17,7%. La diminution est principalement marquée au niveau du secteur public. Les critères principalement concernés sont les critères dits « raciaux » (25%), le handicap (22,5%), l’état de santé (15,1%), l’âge (12,1%) et les convictions religieuses ou philosophiques (8,7%).
Le critère qui connait une augmentation particulièrement marquée est l’état de santé (+18,3% sur un an et +101,2% par rapport à la moyenne sur cinq ans). Le critère de l’âge, pour lequel on avait observé une forte augmentation en 2016, notamment suite à la médiatisation des dossiers Dovy Keukens et Skeyes (ex-Belgocontrol), semble moins souvent invoqué en 2018 (-27,8%). Environ 30% des dossiers emploi touchent à la problématique de l’embauche, 25% à l’organisation et aux conditions de travail, 20% à des cas de licenciement et 12% aux relations professionnelles et au harcèlement
Des lacunes en matière d’égalité
« Les chiffres publiés dans notre rapport annuel illustrent les lacunes de la Belgique en matière d’égalité, souligne Patrick Charlier, directeur d’Unia. Que ça soit sur le lieu de travail, sur le marché du logement ou à l’école, nous ne sommes visiblement pas tous égaux. Cela a non seulement un impact sur les victimes, mais la société souffre également de ces discriminations, de ces actes et de ces discours de haine. »
Le nombre de personnes en situation de handicap qui se sont tournées vers Unia a augmenté (24% des dossiers). Il s’agit d’une augmentation de près de 50% en cinq ans. Plusieurs dossiers concernent le refus d’accès aux chiens d’assistance à certains établissements ou l’impossibilité pour des élèves en situation de handicap d’intégrer l’école de leur choix.
Unia a également constaté qu’un nombre croissant de personnes sont discriminées car elles bénéficient d’une allocation sociale. Même en étant solvables, elles ne trouvaient pas de logement. Au total, 160 dossiers concernent cette problématique. C’est 24% de plus qu’en 2017.
Des solutions… sans passer par la case justice
Comme de coutume, Unia promeut et encourage la négociation dans les dossiers de discrimination plutôt que de s’adresser immédiatement aux tribunaux. En 2018, l’institution a ainsi obtenu 295 solutions extrajudiciaires.
Mais la case justice quand il le faut
Cela ne change rien au fait qu’Unia, comme organe de promotion de l’égalité et comme institution des droits humains, s’est adressé à la justice à 33 reprises. Ce chiffre n’a jamais été aussi élevé. Il s’agit d’abord de conflits entre employeurs et employés (9), suivi par des questions dans le domaine des médias/Internet (8) et d’actes de violence et de vandalisme (6). Une condamnation constitue un signal fort pour dénoncer que certaines choses sont inacceptables.