Globalement, c’est-à-dire sur l’ensemble de l’économie belge, une femme gagne en moyenne toujours 10% de moins qu’un homme par heure de travail. Il s’agit d’une stagnation, peut-on lire dans ce rapport qui donne un aperçu de l’écart salarial en Belgique. Il est établi par l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, en collaboration avec le Centre de documentation RoSa. Les chiffres ont été fournis par la Direction générale Statistique et Information économique du Service public fédéral Économie, PME, Classes moyennes et Énergie et le Bureau fédéral du Plan.
Comme il est important de donner un aperçu de l’inégalité de genre dans son ensemble, le rapport présente toujours un second indicateur général. L’écart salarial sur base annuelle s’élève à 22%, ce qui correspond à une légère diminution par rapport à l’année précédente. La différence entre ces deux chiffres s’explique par l’effet du travail à temps partiel. Su les auteurs soulignent que l’écart salarial de genre va jouer un rôle moins important au fil des années en Belgique, s’y oppose toutefois un écart croissant entre d’un côté le confortable marché du travail avec ses salaires élevés et ses avantages, et de l’autre côté les emplois à temps partiel moins intéressants qui offrent également à terme peu de perspectives. Dans ce marché du travail à deux vitesses, les femmes sont fortement surreprésentées dans cette deuxième catégorie d’emplois.
Principaux enseignements
1. Pour 2011, l’écart salarial basé sur les salaires horaires bruts des travailleurs à temps plein et à temps partiel tous secteurs confondus reste stable et s’élève à nouveau à 10%.
2. Pour 2011, l’écart salarial basé sur les salaires annuels bruts des travailleurs à temps plein et à temps partiel tous secteurs confondus est de 22%. La légère augmentation de 2010 est ainsi annulée. L’effet du travail à temps partiel apparaît dans sa totalité dans les salaires annuels.
3. Le fait de ventiler par statut l’écart salarial basé sur les salaires horaires bruts des travailleurs à temps plein et à temps partiel met en lumière d’importantes différences. Pour les ouvriers issus du secteur privé, l’écart salarial s’élève à 20%, pour les employés à 25%. L’écart salarial est de 1% pour les contractuels du secteur public et de -4% pour les fonctionnaires statutaires.
4. Calculé sur base des salaires annuels, ce chiffre s’élève à 38% pour les ouvriers et à 34% pour les employés. À la fin de l’année, les fonctionnaires contractuels et statutaires sont confrontés à un écart salarial s’élevant respectivement à 17% et 8%. Le fait que les femmes travaillent plus souvent que les hommes à temps partiel a donc un impact significatif sur les différences salariales moyennes.
5. L’écart salarial calculé sur base des salaires mensuels des travailleurs à temps plein dans l’industrie et les services marchands est de 8%. Jusqu’en 2007, c’était l’indicateur officiel de l’écart salarial.
6. L’écart salarial calculé sur base des salaires mensuels des travailleurs à temps plein et à temps partiel réunis s’élève à 21% dans l’industrie et les services marchands.
7. L’écart salarial augmente considérablement lorsque les avantages extra-légaux sont pris en compte. Les femmes ont moins d’opportunités de bénéficier de ces avantages, et lorsque c’est le cas, les montants perçus sont moindres. Les employeurs payent une pension complémentaire à 9% travailleurs féminins et à 12% travailleurs masculins. Les montants des pensions complémentaires sont en moyenne pour les femmes 40% moins élevés que pour les hommes. La différence de revenu pour l’indemnité de trajet domicile/travail se situe en moyenne à hauteur de 29% au détriment des femmes. Seule une petite partie des travailleurs reçoit des avantages extra-légaux sous la forme de participation dans le capital de l’entreprise et les hommes ont une probabilité plus de deux fois plus élevée de bénéficier de ces avantages (0,90% pour les hommes contre 0,41% pour les femmes). Les femmes bénéficiant de tels avantages reçoivent des montants qui sont inférieurs de 38% à ceux des hommes.
8. En comparaison avec 2010, le taux d’emploi augmente légèrement pour les femmes et diminue légèrement pour les hommes. Depuis 1999, le taux d’emploi des hommes est resté relativement stable, tandis que celui des femmes présente une croissance évidente.
L’écart salarial diminue-t-il?
9. La plupart des années, l’écart salarial présente une légère tendance à la baisse. En 2011, l’évolution est moins prononcée. Nous observons d’une part une diminution évidente de l’écart salarial chez les travailleurs à temps plein, de 2 points de pourcent. D’autre part, l’écart salarial entre les femmes et les hommes stagne lorsque nous prenons en considération la situation dans son ensemble. Pour certaines femmes, la situation s’améliore donc, mais ça n’est pas le cas pour tout le monde. L’augmentation du nombre de femmes exerçant un emploi constitue principalement une augmentation du travail à temps partiel.
10. Une tendance évidente à la baisse est observable sur le long terme. Sur 40 ans, l’écart salarial dans l’industrie a diminué de moitié. À court terme, la diminution de l’indicateur général de l’écart salarial est très limitée mais relativement constante – à l’exception des années 2006 et 2009.
11. La diminution de l’écart salarial en 2006 était probablement une conséquence de l’augmentation du salaire minimum au cours de cette année. Comme il y a proportionnellement plus de femmes dans les catégories salariales moins élevées, une mesure générale comme la hausse du salaire minimum a un effet positif sur l’écart salarial.
12. La diminution de l’écart salarial en 2009 pourrait être une conséquence de la crise économique et de ses effets sur l’emploi des hommes.
L’écart salarial total
13. En 2011, 47,43% des travailleurs étaient des femmes; celles-ci ont travaillé pour 42,93% des jours ouvrables rémunérés et ont perçu 39,73% de la masse salariale (107.045.753.000 euros).
14. Sur base de leur proportion parmi les travailleurs, toutes les femmes réunies auraient dû gagner 8,243 milliards d’euros de plus en 2011. Et 3,426 milliards d’euros sur base de leur participation dans les jours ouvrables rémunérés – donc en tenant compte du fait que les femmes travaillent plus fréquemment à temps partiel.
15. En 2011, l’écart salarial global a à nouveau augmenté, après deux années de diminution.
16. L’évolution vers une répartition plus égale entre les femmes et les hommes est à l’arrêt en ce qui concerne les jours de travail rémunérés. En d’autres mots, l’augmentation du nombre de femmes exerçant un emploi se produit surtout au niveau des emplois à temps partiel. Le pourcentage de femmes qui gagnent plus de 5.000 euros bruts par mois dans l’industrie et les services marchands est passé de 3,5% en 2007 à 3,2% en 2008, mais il est monté à 4,0% en 2009 et à 4,9% en 2010. En 2011, nous observons toutefois une augmentation marquante pour les femmes tout en haut de l’échelle salariale; leur proportion a continué d’augmenter jusqu’à 6,7%. L’augmentation chez les hommes est cependant plus importante: de 6,1% en 2007 à 6,6% en 2008, et 7,6% en 2009 et 9,1% en 2010, jusqu’à 9,9% en 2011.
17. Nous sommes encore loin d’arriver à une meilleure représentation des femmes dans les fonctions supérieures.
Travail à temps partiel
18. Une femme qui travaille à temps partiel dans l’industrie et les services marchands gagne en moyenne 20% de moins par heure qu’un homme travaillant à temps plein, 15% de moins qu’une femme travaillant à temps plein et 7% de moins qu’un homme travaillant à temps partiel.
19. La différence entre les femmes travaillant à temps plein et à temps partiel augmente au fil des années, alors que la différence entre les femmes et les hommes travaillant à temps partiel diminue justement. En 2011, cette évolution s’est profilée plus clairement. Il sera intéressant de vérifier l’an prochain si cette tendance se poursuit.
20. Dans l’industrie et les services marchands, une salariée active à temps partiel gagne 15% de moins par mois qu’un salarié actif à temps partiel.
21. 45,9% des salariées et 10,3% des salariés travaillent à temps partiel. Ceci signifie que sur un an, le travail à temps partiel a augmenté de 1 point de pourcent pour les femmes et de 0,8 point de pourcent pour les hommes. Ce sont peut-être de petits chiffres mais il s’agit en réalité d’une augmentation considérable.
22. En comparaison avec 1999, le travail à temps partiel chez les femmes a augmenté de 15%. Chez les hommes, il s’agit d’une augmentation de 124%, c’est-à-dire plus qu’un doublement.
23. Certains postes ne sont souvent proposés qu’à temps partiel : 13% des femmes et 9% des hommes travaillant à temps partiel se trouvent dans cette situation.
Âge
24. L’écart salarial augmente avec l’âge. Dans l’industrie et les services marchands, il est de 21% chez les plus de 55 ans et de 15% pour la tranche d’âge des 45-54 ans.
25. La différence entre les femmes et les hommes au niveau du taux d’emploi augmente elle aussi avec l’âge.
26. La différence de taux d’emploi entre les femmes et les hommes diminue graduellement au fil des années pour les différentes tranches d’âge.
Niveau de formation
27. Plus le diplôme est élevé, plus le salaire augmente. L’écart salarial augmente aussi simultanément. Il est le plus élevé chez les personnes hautement diplômées, 18%, dans l’industrie et les services marchands.
28. Le taux d’emploi des femmes et des hommes augmente avec le niveau de formation. La différence entre les femmes et les hommes au niveau du taux d’emploi diminue à mesure que le niveau de formation augmente.
Ségrégation sur le marché du travail
29. Tout comme les années précédentes, en 2011, nous retrouvons l’écart salarial le plus important dans le secteur des transports aériens, avec 33%.
30. Le reste du top 5 reste identique et est quant à lui constitué des secteurs suivants : la production et la distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné ; la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques ; l’industrie de l’habillement ; et les activités auxiliaires de services financiers et d’assurance, avec des écarts salarial de genre entre 29% et 23% en 2011.
31. L’écart salarial est le plus important chez les commerçants et vendeurs, les spécialistes en gestion et administration d’entreprises et les conducteurs de machines et d’installations fixes, où il s’élève à 18%.
32. En comparaison avec leur part parmi les travailleurs (47,4%), il y a trop peu de femmes aux fonctions dirigeantes, à savoir seulement 33,6%
33. Dans l’industrie et les services marchands, cette part est encore plus petite: 27% parmi les managers de l’hôtellerie, la restauration et le commerce de détail et de gros et au niveau des autres services, 23% chez les managers de services administratifs et commerciaux, 17% parmi les managers de la production et de services spécialisés et seulement 11% parmi les directeurs de grandes entreprises. Nous pouvons donc observer une ségrégation verticale même au sein du groupe des dirigeants.
34. Pour l’industrie et les services marchands, les salaires mensuels bruts moyens des femmes ET des hommes augmentent en fonction de la taille de l’entreprise. L’écart salarial augmente également avec le nombre de travailleurs dans l’entreprise, à l’exception des entreprises d’au moins 1.000 personnes, où la différence de salaire est inférieure aux sociétés employant entre 500 et 999 travailleurs.
35 . C’est dans le secteur des enquêtes et de la sécurité que la différence entre les hauts et les bas salaires est la plus importante (71%) et dans le secteur des autres industries manufacturières qu’elle est la plus petite (32%).
Expliquer l’écart salarial?
36. 49,6% de la différence salariale peuvent être expliqués sur base de facteurs connus. 50,4% ne peuvent pas être expliqués.
37. Dans la partie expliquée, 50% peuvent être attribués à des caractéristiques qui font référence à la position des femmes et des hommes sur le marché de l’emploi. La profession explique 11% de l’écart salarial expliqué et le secteur 8%.
38. Le fait d’avoir ou non des enfants explique 11% de l’écart salarial expliqué.
39. Dans la partie expliquée de l’écart salarial, seuls 25% peuvent être attribués à des caractéristiques individuelles du travailleur telles que la formation, l’expérience professionnelle et l’ancienneté dans l’entreprise.
Plus d’analyses et les recommandations sont disponibles dans le rapport complet accessible en ligne.