Les méthodes de chiffrage varient d’une étude à l’autre, observe la Fabrique de l’industrie. D’un côté, le cabinet Roland Berger, reprenant la méthodologie des chercheurs britanniques Frey et Osborne, annonce que 42% des emplois français présentent une probabilité d’automatisation élevée. De l’autre, des travaux plus récents du COE tablent sur 10%. « Ce grand écart s’explique par des différences de méthodes: la notion d’emploi ‘menacé’ est donc à prendre avec beaucoup de précaution. Ce qui est sûr, c’est que le numérique touche l’ensemble de l’économie, des fonctions de l’entreprise et de très nombreux métiers. Près d’un emploi sur deux est susceptible de voir son contenu fortement évoluer dans un futur proche, ce qui ne signifie pas qu’il sera détruit. »
La création d’emploi est la grande inconnue, ajoutent les auteurs dans leur Note de synthèse. « En même temps qu’elles transforment et parfois détruisent des emplois, les technologies numériques sont pourvoyeuses d’emplois directs, dans la filière numérique, et d’emplois induits résultant des gains de productivité. La révolution numérique permet le développement d’activités nouvelles, en transformant nos manières de nous informer, de nous divertir, de nous soigner, d’apprendre, de voyager… De nouveaux métiers émergent en conséquence. »
Le bilan net entre création et destruction est toutefois très incertain. « Les nouveaux emplois ne sont pas forcément créés dans la même entreprise, le même secteur d’activité ou encore sur le même territoire que ceux qui sont transformés ou détruits. Le bilan net dépend donc éminemment de la capacité de notre économie à susciter une offre compétitive. A contrario, une entreprise qui ne prend pas le virage du numérique risque de ne pas résister à la concurrence ; ses usines ferment et les emplois disparaissent à coup sûr. »
Au-delà de l’emploi, la Fabrique de l’industrie invite à parler du travail. « Les technologies numériques rendent possibles de nouveaux modèles productifs et organisationnels. Quel que soit son niveau de qualification, la grande majorité d’entre nous devra suivre des transitions vers de nouveaux emplois ou se former aux nouvelles compétences demandées (compétences numériques, techniques, sociales, cognitives). Les personnes les plus vulnérables sont souvent peu ou pas qualifiées. La formation continue doit donc leur être dédiée en priorité, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. »
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