En 2017, c’est donc le 10 janvier que les CEO du Bel 20 auront gagné l’équivalent d’un an de salaire moyen, calcule la CSC. « C’est-à-dire pile au moment où le gouvernement Michel entend faire passer sa réforme de la loi de 1996 sur la compétitivité des entreprises… » Le dossier passe en effet en commission des affaire sociales ce mardi après-midi.
La « Loi Zéro Salaire » bientôt en vigueur?
Un rapport récent du ministère de l’Economie espère que la croissance reviendra en 2017, grâce « aux investissements, et surtout à la consommation privée », relève la CSC. « Mais quelle consommation privée, dans un pays où une personne sur 7 vit sous le seuil de pauvreté, où les pensions sont parmi les plus basses d’Europe, où le prix de certains médicaments va augmenter de 300%… et où les salaires sont bloqués? Quelle croissance dans la distribution, les services aux personnes, l’horeca, le bâtiment, la culture et les loisirs si les ménages confrontés à de multiples hausses de taxes et d’accises doivent restreindre encore leurs dépenses? », interroge Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général de la CNE. Le rapport du ministère précise d’ailleurs tout ira mieux en 2017… « dans un scénario où n’interviendraient pas de nouvelles mesures de modération salariale ».
Or, malgré la croissance des bénéfices des grandes entreprises, les salaires bruts réels ont déjà baissé ces dernières années, indique encore la CSC. « La FEB, qui depuis 20 ans criait au ‘handicap salarial’, a bien dû admettre que cette fiction a disparu – et s’est même inversée. La loi de modération salariale de 1996 autoriserait de ce fait des hausses réelles des salaires entre 2 et 2,5% pour 2017 et 2018. Sauf que… le soi-disant handicap salarial ayant disparu, le gouvernement s’est laissé dicter par la FEB une nouvelle loi sur les salaires, remplaçant celle de 1996, et qu’il faut bien appeler ‘Loi Zéro Salaire’ dans la mesure où elle interdirait tout hausse significative des salaires négociés collectivement. » Pour combien de temps? « A première vue, une douzaine d’années: la FEB veut une baisse des salaires réels ‘entre 8 et 16%’: si on se base sur la période 2017-2018, où cette loi volerait aux travailleurs environ 1,5% de salaires, il faudra entre 10 et 20 ans pour assouvir cette soif de dividendes supplémentaires. »
Une éternité, à un moment où tous les économistes sérieux, et jusqu’à la Commission européenne, recommandent de renoncer aux politiques d’austérité et de recommencer à augmenter les salaires – ce que font désormais les Allemands, conclut la CSC.