A l’occasion de la 8e édition du « Millennials Survey » (conduit en France auprès de 500 Millennials et 301 Gen Z), Deloitte s’interroge sur les attentes des jeunes dans un monde en pleine mutation. D’après les auteurs de cette nouvelle édition, les attentes des Millennials envers le monde du travail et leurs comportements en matière d’emploi et de consommation sont annonciateurs d’une transformation du modèle d’entreprise. Les jeunes pressent les organisations privées à changer pour relever les défis d’un monde qui va de plus en plus vite et interrogent leur capacité à muter vers une entreprise sociétale.
Pour Deloitte, le décalage entre la rapidité et l’ampleur des transformations en cours et la perception d’une adaptation lente des entreprises est à l’origine des inquiétudes et du scepticisme des jeunes. Dans le monde, 26% d’entre eux pensent que la situation économique va s’améliorer dans les 12 mois. Seuls 12% des Millennials et 14% de la Gen Z interrogés en France y croient (contre 33% en 2018). Si la France s’inscrit dans les tendances mondiales, il existe un écart entre elle et le reste du monde, caractérisé par une négativité plus forte sur la plupart des sujets. Cela se traduit notamment dans « l’humeur générale » des Gen Y et Gen Z qui atteint à peine respectivement 23 et 27 points sur 100, contre 48 points pour les pays émergents et 32 points pour les pays matures.
Le mouvement des Gilets jaunes et le climat social tendu des derniers mois ont pu influencer les répondants. Pour autant, les Gen Z français se démarquent aussi par un fort optimisme: 65% d’entre eux sont d’accord avec l’idée qu’il n’y a pas de barrières les empêchant d’atteindre leurs ambitions de carrière contre 58% des Gen Z dans le monde et 53% des Millennials français.
Vers un nouveau modèle d’entreprise
Emplois alternatifs
Pour Deloitte, répondre aux attentes des Millennials, c’est transformer le modèle d’entreprise à trois niveaux: maximiser son impact sociétal, interagir avec son écosystème et construire un environnement de travail positif. Cette recherche de sens passe également par les emplois alternatifs: 76% des Gen Y et 80% des Gen Z envisagent de rejoindre la gig economy, qui semble offrir la flexibilité et l’autonomie auxquelles aspirent les jeunes. 45% des Gen Y et 58% des Gen Z français s’attendent à quitter leur employeur actuel dans les 2 ans. Plus qu’une question de loyauté, ce chiffre révèle, selon Deloitte, une transformation du modèle d’emploi. Cette tendance doit inciter les organisations à se questionner sur leur capacité à interagir au-delà de leurs frontières « contractuelles » et à engager avec leurs propres talents une relation où le développement professionnel est envisagé de manière plus large. Toutefois, si l’Open talent bouleverse les schémas traditionnels, elle préfigure aussi une possible précarisation économique et sociale.
A l’opposé d’une organisation désincarnée, les Millennials aspirent à un modèle plus humain et à un management qui leur ressemble redonnant à chaque individu le pouvoir d’action et de décision, concluent les auteurs. Le modèle sociétal propose de faire de l’entreprise un lieu de vie dont le mode d’organisation est fondé sur une collaboration accrue entre des équipes pluridisciplinaires et autonomes participant à une aventure collective.