Dans son rapport Furloughs, Layoffs and Recovering from Covid-19, la Deutsche Bank revient sur les leçons à tirer de la crise financière de 2008. L’analyse révèle un lien direct entre le redressement d’une entreprise après la crise financière et le type de décisions qu’elle a prises à propos de son personnel. Il apparaît que les entreprises américaines — et, dans une moindre mesure, européennes — qui ont licencié le moins de salariés pendant la crise financière ont vu leurs bénéfices croître deux fois plus vite que celles qui ont licencié en masse. La banque en conclut que les entreprises auraient plus à perdre si elles licenciaient leur personnel maintenant.
L’étude met en évidence trois raisons pour lesquelles les entreprises optent désormais davantage pour des formes de chômage temporaire. La première tient à l’attente que la crise, bien que profonde, sera de courte durée. La deuxième, c’est que le fait de licencier des employés maintenant va entraîner une grave atteinte à la réputation, en particulier pour les grandes entreprises rentables et/ou connues. Une troisième raison est plus pragmatique: les employés deviennent de plus en plus importants pour les entreprises. Ainsi, la Deutsche Bank a-t-elle calculé qu’un employé génère aujourd’hui 55.000 dollars par an pour les grandes entreprises américaines. C’est beaucoup plus que les 38.000 dollars de la période de boom qui a précédé la crise financière de 2008. Les entreprises européennes gagnent en moyenne 33.000 dollars par an et par employé, ce qui représente une nouvelle augmentation considérable depuis la crise financière.
Non seulement les entreprises génèrent plus de bénéfices par employé, mais leurs bénéfices sont devenus plus prévisibles, du moins aux États-Unis. Au cours de la dernière période de croissance, plus d’employés signifiait plus de profits, davantage que pendant la période de croissance précédant la crise financière. La banque précise toutefois qu’il ne s’agit pas nécessairement d’un lien de causalité, mais que la tendance peut être observée sur une période de dix ans. C’est une période suffisamment longue pour ne pas ignorer la corrélation. Enfin, le rapport souligne que les entreprises sont mieux placées pour surmonter la crise actuelle, notamment grâce aux mesures prises par les différents gouvernements. Il indique également que ceux qui obtiennent de mauvais résultats pourront mieux surmonter la crise s’ils augmentent l’efficacité de leurs décisions de recrutement et de licenciement.
Source: Deutsche Bank