Bien que la satisfaction et l’engagement soient des notions liées, il s’agit de deux choses différentes. L’engagement (ou motivation au travail) est lié à l’implication envers l’organisation et au niveau de performances des employés, tandis que la satisfaction désigne l’acceptation d’une situation telle qu’elle est. Les chiffres montrent que, dans une organisation moyenne, 7% des employés sont très insatisfaits tout en étant moyennement engagés, alors que 10% d’entre eux sont très satisfaits mais ne sont que moyennement engagés. « La satisfaction et l’engagement connaissent des vitesses différentes. La satisfaction opère à court terme, l’engagement à long terme. L’engagement doit se développer au cours des années, tandis que la satisfaction est plus volatile », explique Peter Beeusaert, consultant RH chez SD Worx.
Bien qu’elles figurent toujours en tête de la liste des aspects dont les employés sont satisfaits, la sécurité d’emploi, les conditions de travail et la fonction sont les aspects qui ont enregistré le plus net recul. Cette tendance à la baisse peut s’avérer problématique à plus long terme. En effet, de plus en plus d’employés sont préoccupés par la survie de leur organisation et se montrent moins satisfaits du régime de travail, des horaires de travail et des possibilités d’adaptation ou de l’autonomie dans leur fonction. La charge mentale et physique au travail leur pose également davantage de problèmes, et ils sont moins fiers de leur travail, qui est de moins en moins varié.
La sécurité d’emploi au sein de l’organisation actuelle a enregistré un recul ces dernières années, même si la sécurité par rapport à l’emploi actuel figure pour la première fois en tête de liste. Jusqu’à l’an dernier, c’était encore la fonction qui affichait le score le plus élevé.
Charge mentale accrue
Dans cette conjoncture économique difficile, les organisations renforcent le contrôle et la pression sur leurs collaborateurs. Et en dépit de la popularité apparemment croissante du travail flexible (sans bureau ni horaire fixes), de plus en plus d’employées sont moins satisfaits du régime de travail et des horaires de travail. Ils déplorent également le fait que les possibilités d’adaptation sont plus limitées. Cette tendance à la baisse s’observe surtout au niveau d’employés à temps plein, pas chez eux à temps partiel. La satisfaction quant aux horaires de travail et aux possibilités d’adaptation est moins élevée chez les non-dirigeants que chez les dirigeants, chez les ouvriers que chez les employés, et enfin, chez les travailleurs du secteur privé que chez les fonctionnaires.
La charge mentale et physique ressentie par les employés a elle aussi fortement évolué depuis 2009, et ce essentiellement au niveau des employés de plus de 45 ans : 32 % considèrent la charge mentale comme un aspect négatif, et 24 % d’entre eux se plaignent de la charge physique liée à leur fonction. Il ressort en outre que les exigences de travail plus élevées et les possibilités d’adaptation plus limitées ont une influence négative sur le niveau d’énergie et sur l’engagement et qu’elles augmentent l’absentéisme et le stress.
Diminution du degré de passion et d’énergie
Les aspects liés à la fonction connaissent eux aussi une tendance à la baisse. Cette situation est plus que préoccupante, étant donné que la fonction est l’aspect qui influe le plus sur l’engagement, la passion, le niveau d’énergie, la loyauté et les performances des employés. De plus en plus de travailleurs trouvent moins de sens à leur fonction, sont moins satisfaits de l’autonomie et des responsabilités qui leur sont confiées et déplorent le manque accru de variété dans leur fonction. Cela se traduit notamment par une forte baisse du niveau de passion et d’énergie. En 2009, 85% des travailleurs éprouvaient encore du plaisir à faire leur travail ; aujourd’hui, ce chiffre n’est plus que de 81%. En 2009, 85 % des collaborateurs avaient suffisamment d’énergie pour fournir des efforts supplémentaires ; ils ne sont plus que 79 % aujourd’hui.
La mobilité des talents en tant que catalyseur Au niveau des aspects liés au travail, ce sont encore les opportunités d’évolution qui enregistrent le score le plus bas. C’est l’aspect dont les employés belges ont été le moins satisfaits ces dernières années. Cette insatisfaction s’explique essentiellement par l’impossibilité de suivre des formations internes et externes et par le manque d’opportunités d’évolution et de promotion. Alors qu’en 2009, 35% des employés déploraient le manque de formations, ce chiffre est passé à 39% en 2015. En 2009, 53% des collaborateurs se plaignaient du manque d’opportunités d’évolution; ce chiffre est désormais de 57%.
« Les opportunités d’évolution n’ont pas seulement un impact important sur l’engagement et l’implication des collaborateurs, elles permettent aussi d’assurer la mobilité des talents au sein de l’organisation, de placer continuellement les collaborateurs au bon poste et de limiter les départs. 93% des employés satisfaits de leurs opportunités d’évolution au sein de l’organisation disent vouloir rester dans l’organisation pour une longue période indéterminée, contre 55 % chez les employés insatisfaits », déclare Peter Beeusaert.
Impact sur l’absentéisme et le roulement du personnel
Quant à la question de savoir si la baisse du niveau de satisfaction et d’engagement des employés a aussi des répercussions négatives sur l’absentéisme et sur le roulement du personnel, c’est difficile à prédire sur la base des données collectées. Il semble pourtant y avoir une corrélation entre les conditions de travail et l’absentéisme de courte durée : meilleures sont les conditions de travail, plus faible est le taux d’absentéisme de courte durée. Et constat étonnant : plus grande est la sécurité d’emploi, plus le taux d’absentéisme de courte durée est élevé. Les chiffres révèlent également que l’absentéisme de longue durée a augmenté ces dernières années. Et ici aussi: meilleures sont les conditions de travail, plus faible est le taux d’absentéisme de longue durée.
Les chiffres concernant l’intention de quitter l’organisation montrent que de plus en plus de travailleurs cherchent un nouvel emploi. Cette recherche est toutefois essentiellement passive. Tant que l’économie ne se relance pas, bon nombre de collaborateurs semblent hésiter à tenter leur chance ailleurs. Il n’empêche que près d’un quart des travailleurs sont actuellement à la recherche d’un nouvel emploi, que ce soit activement ou passivement. C’est essentiellement le manque d’opportunités d’évolution interne qui pousse les employés à chercher un nouvel emploi afin de développer leur carrière.