Des experts de tout poil conseillent de travailler moins pour contrer le burn-out. Pourtant, selon une étude de l’UGent, il n’existe toujours aucune preuve scientifique validée que les employés ayant des semaines de travail plus courtes courent moins de risques d’épuisement professionnel… La nouvelle étude bat en brèche cette idée. Ceux qui travaillent à temps partiel seraient tout aussi susceptibles de développer un burn-out que leurs collègues bossant à temps plein.
Travailler à temps partiel comme moyen d’éviter l’épuisement professionnel peut sembler très logique. De ce fait, cette idée s’est muée en conseil récurrent. Cependant, la base scientifique de ce principe laisse beaucoup à désirer. Des recherches allemandes auprès de médecins et d’enseignants ont d’ailleurs déjà montré que moins d’heures de travail ne réduit pas le risque d’épuisement professionnel.
Aujourd’hui, cinq chercheurs de l’UGent exposent les résultats d’une nouvelle recherche qui remet en question la formule « travailler moins = moins de burn-out ». Bien que le travail des salariés à temps partiel leur demande un peu moins (niveau volume de travail et nombre de réunions) qu’à leurs collègues à temps plein, la nouvelle étude met en relief que les salariés à temps partiel courent le même risque de développer un burn-out. Ils semblent aussi obtenir un score assez proche de leurs collègues « temps plein » sur les principaux symptômes du sérieux coup de mou professionnel que sont : l’épuisement, la distance mentale, les troubles cognitifs et les troubles émotionnels.
Les pourquoi
Pourquoi des horaires plus courts n’entrainent-ils pas nécessairement un risque d’épuisement professionnel plus faible ? Une explication possible et plausible est à chercher au niveau de la raison qui motive les employé.e.s à opter pour des régimes de travail « part-time », notent les chercheurs. Si elles/ils le font souvent pour mieux affronter de lourdes responsabilités familiales, il est tout à fait possible que ces obligations privées (parfois énergivores) s’ajoutent à leurs exigences de travail un peu moindres, les exposant au même risque d’épuisement professionnel que leurs collègues à temps plein.
Une autre raison peut être cherchée du côté d’un déséquilibre entre des exigences du travail qui dépassent le volume d’heures de travail à temps partiel. A cet égard, les chercheurs soulignent la différence entre les heures de travail officielles et réelles, entre le régime de travail “sur papier” et, par exemple, la réalité des heures supplémentaires. De nombreuses études scientifiques ont montré que le surmenage chronique et les horaires de travail extrêmement longs peuvent en effet provoquer le burn-out. L’étude de Gand met aussi en lumière le lien entre le nombre d’heures supplémentaires effectuées en moyenne par les employés et leur risque d’épuisement professionnel, si ces heures supplémentaires sont dues à des exigences de travail (trop?) élevées.
Les auteurs de l’étude appellent donc à s’intéresser moins au temps de travail lui-même, et plus aux exigences que les organisations fixent à leurs salariés. “La première étape que vous pouvez entreprendre en tant qu’employeur est de déterminer avec votre employé.e si le nombre de tâches qu’il/elle doit effectuer et le nombre de réunions auxquelles il/elle doit assister sont en équilibre avec le temps disponible et sa capacité. Vous pouvez inclure ces questions dans l’analyse obligatoire des risques psychosociaux qui doit fournir une image claire des risques associés à l’organisation du travail, à son contenu, aux conditions d’emploi, de travail et aux relations interpersonnelles au travail », conseillent les chercheurs.