Nick Powdthavee est professeur en sciences comportementales à la Warwick Business School et se spécialise en économie du bien-être. Il a mené une enquête cherchant à évaluer dans quelle mesure les gens deviennent plus heureux dès lors qu’ils gagnent plus que les autres membres de leur groupe de référence. Qu’en apprend-on? Les gens se soucient en fait très peu des salaires qu’ils gagnent en termes absolus. Ils s’inquiètent davantage de la relation entre leur salaire et ceux de leur entourage ou du groupe de référence auquel ils appartiennent (âge, sexe, religion, nationalité). Leur sentiment de bonheur ou de bien-être est davantage influencé par leur position au travail: sont-ils en cinquième place ou au cinquantième rang en terme de gagne-pain?
L’enquête a été menée dans 24 pays. Une comparaison des résultats entre les pays montre que « l’effet de bonheur » de gagner plus que ses pairs est beaucoup plus important dans les pays à forte inégalité de revenus (comme la Chine et les États-Unis, par exemple) et où cette inégalité de revenu est également la norme. Le fait de se descendre dans l’échelle des salaires provoque davantage de stress, de tristesse et de colère dans les pays où les différences de revenus sont importantes.
Si les conclusions du professeur Powdthavee valent également pour les CEO — en d’autres termes, si les CEO peuvent également être considérés comme des personnes comme les autres —, il s’agit là d’un enseignement positif pour ceux qui doivent pourvoir les postes vacants chez bpost et Proximus. Un excellent patron belge ne se sentira pas nécessairement très malheureux avec un salaire limité. L’interférence politique dans la gestion de ces entreprises pourrait être plus décourageante…