Suite au mouvement #MeToo et à l’attention croissante portée à cette problématique au cours des dernières années, StepStone a réalisé une étude auprès de plus de 5.000 employés belges concernant les comportements (sexuellement) transgressifs au travail. À noter que ces résultats donnent une image de la situation avant la crise du Covid-19 et l’augmentation du télétravail. Les données ont été collectées en décembre 2019 et janvier 2020.
Quatre répondants sur dix des deux sexes confondus ont confirmé avoir déjà été confrontés à un comportement inapproprié au travail. En analysant ce pourcentage plus en détails, on constate que 55% des femmes ont ce sentiment, contre 25% des travailleurs masculins. « La différence de genre constatée dans les comportements indésirables au travail selon laquelle les femmes rapporteraient remarquablement plus de comportements transgressifs que les hommes ne semble pas se confirmer ici, observe Lode Godderis, professeur en médecine du travail à l’université KU Leuven. En général, dans la recherche, on observe des différences entre les sexes en réponse au harcèlement sexuel. Les femmes font état de plus d’effets négatifs du harcèlement sexuel que les hommes, car les femmes subissent des formes de harcèlement sexuel plus physiques et plus graves. D’autre part, dans les formes graves, les hommes pourraient réagir plus négativement que les femmes, percevant peut-être le harcèlement comme une menace pour leur masculinité. Cela peut être une conséquence du fait que de plus en plus de preuves et de témoignages partagés indiquent qu’un homme peut également être victime d’un comportement indésirable. Les travailleurs masculins sont potentiellement davantage conscients de ce problème aujourd’hui et ne le dissimulent plus s’ils y sont confrontés. »
En ce qui concerne les participants confrontés à ce type de comportement, 80% ont déclaré avoir été offensés. La différence entre les hommes (70%) et les femmes (82%) est ici moins marquée. Il n’y a pas de différences significatives entre les collègues néerlandophones, francophones ou parlant d’autres langues en ce qui concerne les résultats ci-dessus – la différence étant inférieure à un point de pourcentage.
Quelles formes de comportements transgressifs?
Les formes les plus communes de comportements transgressifs sur le lieu de travail sont remarquablement similaires pour l’ensemble des participantes – indépendamment de la langue ou du genre:
- 49% ont déjà été confrontés à des remarques ambiguës au travail
- 47% à de fréquentes blagues inappropriées
- 34% à un contact physique non-consenti
Une différence intéressante peut être notée concernant les remarques sur l’apparence physique. Les employées ont fréquemment été confrontées à des remarques sur leur apparence (43%), ce qui est moins courant pour les hommes (16%). 30% des participants, hommes et femmes confondus, ont déjà entendu des remarques sur l’apparence d’un collègue (et donc pas sur leur propre apparence).
Mais qui étaient les auteurs de ces comportements? Dans près de la moitié des cas, c’était un ou une collègue de l’équipe de la personne visée (46%). Deuxièmement et troisièmement, le/la manager de la personne (37%) et un/une collègue d’une autre équipe (35%) ont été mentionnés comme auteurs des faits.
Deux victimes sur trois n’ont pas pu en parler au travail
En ce qui concerne la communication d’un incident de comportement transgressif, les répondants semblent moins enclins à en parler aux bonnes parties sur leur lieu de travail. Seuls 15% en parleraient à leur supérieur ou au service des ressources humaines, tandis que 30% en parleraient à un ou ue collègue. En revanche, 33% en parleraient, mais pas au travail, et 34% ont indiqué qu’ils/elles ne pourraient pas le mentionner du tout. Cela revient à 67% des gens qui ne pourraient pas parler au travail d’un tel incident.
Sensibiliser à cette problématique
Au cours des 12 derniers mois, 18% des employés belges ont eu l’opportunité de suivre des formations ou séances d’orientation accessibles sur le comportement approprié au travail. Pour un sur trois d’entre eux/elles, c’était la première fois que de telles formations étaient proposées par leur entreprise. Dans l’ensemble, 80% des salariées ont estimé que cette formation ou cette orientation au travail était nécessaire.
Le professeur Godderis souligne l’importance du rôle des entreprises: « Malgré la campagne #metoo, des comportements qui dépassent les limites de l’acceptable restent prévalents sur le lieu de travail. Cela indique le besoin de mettre en place une politique d’action au sein des entreprises ainsi qu’ un plan concret pour l’implémenter sur le lieu de travail. La disponibilité d’une politique d’action n’est pas suffisante, les entreprises doivent y donner suite. »